
Par Thierry Verviers, entraîneur-chef, Club de Tennis de Table Prestige de Montréal
J’aimerais aujourd’hui vous parler d’un excellent livre que je viens de dévorer dernièrement. En effet, je l’ai lu en 2 soirées. Il faut dire que je l’attendais avec impatience.
En effet, dès que le livre de Michel Gadal intitulé « Réflexions autour de l’excellence » est sorti en français et en format numérique, je l’ai téléchargé sur mon cellulaire et je me suis mis à le lire dès que j’avais un instant de libre.
Et pourtant, j’en ai lu plusieurs bouquins sur l’excellence, tant dans l’univers de la préparation mentale et du sport dans le monde des affaires.
Mais j’ai eu la chance de rencontrer et de travailler avec Michel Gadal lorsque ce dernier avait accepté le poste d’entraîneur national au Canada. Michel parlant français, il a bien sûr travaillé en étroite collaboration avec les entraîneurs francophones du Québec.
J’ai donc eu la chance de participer à des colloques de perfectionnement en sa compagnie, de « coacher » dans des stages de joueurs. Il m’a aussi supervisé au moment où j’écrivais le nouveau contenu des stages d’entraîneur en tennis de table niveau 3 au Québec. Et bien évidemment, j’ai eu la plus grande des chances : celle de pouvoir discuter régulièrement avec Michel.
Michel est un homme très respectueux des différents points de vue des autres. Il disait souvent que nous pouvions ne pas être d’accord, mais que ça ne nous empêchait pas de rester amis et de collaborer.
Par contre, pour beaucoup de jeunes entraîneurs québécois et canadiens, Michel Gadal n’est malheureusement pas très connu. Et pourtant Michel a eu un impact considérable sur le tennis de table québécois et canadien et aussi dans d’autres pays comme l’Angleterre et bien sûr la France. Et j’en passe.
En fait, il a eu un impact sur le tennis de table mondial. Ce que les jeunes entraîneurs d’aujourd’hui devraient savoir et retenir de Michel Gadal, c’est qu’il est un des rares entraîneurs européens à avoir fait trembler la suprématie asiatique et surtout chinoise.
Et ça, Michel y est arrivé grâce à une culture de l’excellence tout au long de sa carrière. Laissez-moi vous raconter quelques anecdotes personnelles pour mieux vous faire saisir le personnage. 😉
Je me souviens encore du jour où j’avais demandé à Michel de me fournir de la documentation pour me perfectionner comme entraîneur en tennis de table. Le jour arriva enfin où Michel m’apporta plein de documents. Je fus très vite des plus surpris, ne trouvant aucun document sur le tennis de table dans le lot. Bien des choses : philosophie, sociologie et histoire du sport surtout sur le sport duel, science de l’entraînement, etc. Quand je lui ai fait remarquer, il m’a tout simplement dit que si je voulais devenir un excellent entraîneur, je devais d’abord développer ma philosophie et mon approche de l’entraînement. Ce fut la leçon numéro 1 de Michel.
La leçon numéro 2, Michel me l’a donnée lorsqu’il me supervisait dans ma conception du nouveau programme de formation des entraîneurs niveau 3 au Québec. Il a lu tout ce que j’avais écrit ou répertorié pour cette formation. Il a tout examiné de A à Z. Et à la fin, il m’a demandé s’il pouvait garder un certain document. Je lui ai dit oui, bien sûr, mais je lui ai aussi demandé pourquoi. Il m’a humblement répondu que c’est parce qu’il n’avait jamais entendu parler de ça. Je ne me souviens pas du document, mais j’ai retenu la leçon. L’un des meilleurs entraîneurs au monde, Michel Gadal entraîneur du champion du monde en titre Jean-Philippe Gatien, était encore à l’affût de nouvelles connaissances, de nouvelles idées. Ce fut la leçon numéro 2. Humilité et curiosité, peu importe d’où ça vient, même du Québec 😉
La leçon numéro 3, c’est quand Michel m’a souligné que la science du sport très souvent ne faisait qu’expliquer que ce que les entraîneurs d’excellence et de haut niveau faisaient déjà depuis plusieurs années par intuition. En fait, Michel était convaincu que l’entraînement sportif est plus proche de l’art que de la science. Ce fut toute une leçon pour un jeune entraîneur tout frais moulu de l’université qui ne jurait que par la science.
Ces 3 leçons m’ont accompagné tout au long de ma carrière d’entraîneur. Pourquoi ai-je pris le temps de vous raconter ces différentes anecdotes ?
C’est parce que son livre en contient des dizaines d’autres, plein de brillantes leçons sur l’excellence. J’irais même jusqu’à qualifier certaines de leçons de vie.
Dernièrement, j’ai eu la chance de rencontrer de nouveau Michel après plusieurs dizaines d’années. Autour d’un dîner en compagnie d’un jeune entraîneur français venu travailler au Québec, Quentin Scaglia, nous avons parlé de plein de sujets. Ce fut vraiment enrichissant pour tous. Mais je me suis surpris à dire ceci à Michel au cours de ce repas : « Tu sais, les meilleurs succès et résultats que j’ai obtenus avec plusieurs de mes athlètes au cours de ma carrière, c’est quand j’ai entraîné ces athlètes en suivant plusieurs de tes principes. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi au fils des années, j’ai fini par arrêter de les suivre. » Et l’opinion de Michel se résumait de la façon suivante : « C’est sûrement parce que les autres entraîneurs ne te suivaient pas ».
Et j’ai dû admettre à Michel qu’il avait sûrement raison. Je résume ça par la célèbre phrase : « Nul n’est prophète en son pays ! »
Par contre, quand on y songe sérieusement, comment peut-on espérer développer des athlètes susceptibles de battre les meilleurs athlètes chinois en suivant les idées disons « traditionnelles » ? Je pense que ça va prendre beaucoup plus d’imagination et de créativité.
Et je pense que le livre de Michel Gadal apporte les pierres nécessaires à l’édification d’une culture de l’excellence européenne et même occidentale. Il contient les leçons de toute la carrière de Michel.
Par contre, je me sens un peu triste que la nouvelle génération d’entraîneurs ne lise presque plus. C’est une génération « YouTube, vidéos ».
Certes les vidéos ont leurs avantages. Malheureusement il est impossible de mettre toutes les leçons et idées contenues dans ce livre dans un ou même plusieurs vidéos. Ça passe obligatoirement par la profondeur d’un livre.
J’espère sincèrement que plusieurs jeunes entraîneurs liront ce livre et deviendront la nouvelle génération qui fera trembler l’Asie. 😉 Ce livre contient tellement de leçons et d’idées sur lesquelles méditer et réfléchir.
J’aimerais souligner le format que Michel a décidé d’adopter dans l’écriture de ce livre. Le livre est succinct, à peine 140 pages. Chaque sujet est présenté rapidement, mais avec la profondeur et les références nécessaires. Cela devrait aider les jeunes entraîneurs à persévérer dans leur lecture. 😉
Et je suis quasiment certain que Michel conseillerait à ces jeunes entraîneurs de ne pas se contenter des leçons et idées contenues dans son livre, mais d’imaginer les leurs, de construire leur propre approche de l’excellence.
Pour vous mettre en appétit, je vais me permettre de vous faire un résumé de quelques leçons et idées du livre de Michel.
Ça commence dès la préface de Jean-Philippe Gatien. D’après Filou, ça prend du travail, de la détermination, de la persévérance, du plaisir et aussi de bonnes rencontres sans oublier de la chance pour atteindre l’excellence. Et il faut surtout donner du sens à ce que l’on fait. Et Filou nous explique que Michel lui a permis de donner ce sens dont il avait besoin dans son projet afin de persévérer.
Bien sûr, vous trouverez les leçons 1, 2 et 3 ou du moins quelque chose s’y approchant dans son livre. Mais il y en a beaucoup d’autres. En voici quelques-unes qui m’ont marqué :
Comme entraîneur, nous avons souvent tendance à mettre l’accent sur les erreurs et les échecs au lieu d’adopter une approche plus positive. Cette attitude inhibe la confiance en soi de nos athlètes. Il faut amener les athlètes à considérer que l’échec est quelque chose qui peut être modifié de façon à réussir le coup suivant.
Le jeu est-il plus important que la technique ou est-ce l’inverse ? La réponse réaliste est que les 2 sont interreliés. On ne peut séparer le tennis de table en partie physique, technique, tactique et mentale et essayer d’en faire un tout après coup. Il faut tout mettre ensemble et toujours tenir compte de l’aspect duel de notre discipline et de la nécessité de toujours se centrer sur l’adversaire du moment. Le tennis de table de haut niveau, c’est peut-être plus proche de l’art que de la science.
Les 4 piliers de l’excellence. Ça dit tout, surtout aux entraîneurs qui ont entraîné plusieurs générations de joueurs : Passion, Patience, Persévérance et Projet
« Gagner ne doit pas être un rêve, mais un projet . » Stéphane Diagana, Champion du Monde 400 mètres haies
Comment savoir si votre entraînement était de qualité aujourd’hui ? L’athlète répond souvent plutôt par son ressenti que par des critères objectifs. Et pourtant Michel propose quelques critères simples :
- VOLUME : Ça prend un volume de temps minimal
- CONCENTRATION : L’athlète doit apprendre à être conscient de sa perte de concentration afin de pouvoir la retrouver. La durée des exercices devrait être basée sur la qualité de la concentration des athlètes plutôt que sur le temps.
- FEEDBACK : De la part des entraîneurs, mais aussi internes, de l’athlète lui-même. Par le numérique par exemple, mais ça demande de la concentration et un investissement personnel de la part de l’athlète.
Le meilleur apprentissage est basé sur aller-retour incessant entre les compétitions et l’entraînement.
J’espère que ces quelques extraits des idées de Michel Gadal vous ont ouvert l’appétit. Je vous conseille fortement la lecture de ce livre, surtout aux jeunes entraîneurs ainsi qu’aux jeunes athlètes. Vous pourrez aussi y lire des sections sur la connaissance de soi, la confiance en soi, la créativité et le leadership. Et plein d’autres choses…
Voici le lien pour vous procurer le livre de Michel Gadal.

Bonne lecture.
Et procurez-vous un cahier pour prendre en note toutes les nouvelles idées qui ne manqueront pas de vous passer par la tête durant votre lecture.
Amicalement,
Thierry